Questions approfondies : Subalternités et critiques postcoloniales appliquées à l’histoire

lhist2728  2022-2023  Louvain-la-Neuve

Questions approfondies : Subalternités et critiques postcoloniales appliquées à l’histoire
5.00 crédits
15.0 h
Q1
Enseignants
Gijs Anne-Sophie; Paonessa Costantino;
Langue
d'enseignement
Français
Préalables
Cours accessible aux étudiants inscrits aux masters 60 et 120 en Histoire
Thèmes abordés
Depuis les indépendances postcoloniales, plusieurs courants et théories renouvellent la manière d’écrire l’histoire et de décoder les sociétés actuelles. Ces outils critiques et analytiques invitent à un « décentrement » géographique, mental et temporel et permettent de comprendre les systèmes de pensée et d’action passés et présents, ici et ailleurs, sous un autre regard.
Ce cours de master vise à approfondir l’étude et la pratique du décentrement critique en histoire. Il s’agira non seulement de mobiliser des cadres épistémologiques issus d’autres disciplines en sciences sociales, mais aussi de se former aux travaux d’historiens et d’historiennes qui questionnent le passé de manière inclusive et décentrée, et qui interrogent les systèmes de pouvoir et les rapports de domination et de dépendance (économiques, de genre, ethniques, religieux…).
Cette formation sera en partie dispensée par des chercheurs non européens.
Acquis
d'apprentissage

A la fin de cette unité d’enseignement, l’étudiant est capable de :

1 approfondir ses connaissances théoriques des différents courants liés au « décentrement » en histoire : histoire connectée, Subaltern studies, Postcolonial studies, Decolonial studies et en histoire du genre ;
 
2 expérimenter concrètement ces nouvelles manières de pratiquer l’histoire, par le questionnement historiographique et l’analyse des sources ;
 
3 comprendre en quoi le récit historique s’inscrit dans un univers socio-culturel spécifique : comme tout discours, il suppose des enjeux sociopolitiques sous-jacents à analyser et décoder ;
 
4 mobiliser des outils concrets pour décoder les sociétés passées et présentes sous l’angle des relations de pouvoir, de manière critique et nuancée.
 
Contenu
Durant cette année académique, nous travaillerons principalement sur les Postcolonial et les Subaltern Studies. En nous immergeant dans les écrits de quelques auteurs/autrices emblématiques (Gramsci, Fanon, Memmi, Saïd, Gayatri Spivak, Chakrabarty, Nandy, Mbembe, …), nous resituerons leurs idées dans le contexte spécifique des combats sociaux, économiques, culturels ou épistémiques auxquels ils/elles ont participé, depuis les luttes anticoloniales des années 1950-60 jusqu’à la mondialisation actuelle. Nous tenterons de comprendre leurs principaux apports intellectuels et méthodologiques, en les appliquant à des cas d’études concrets, touchant, d’une part, aux relations entre l’Europe et le monde arabo-musulman, et d’autre part, aux relations entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Nous questionnerons aussi les optiques propres aux auteurs/autrices issus du champ des Decolonial Studies (Amérique latine, début des années 1990). Enfin, durant ce parcours, nous interrogerons les limites de ces courants, ou les critiques les plus marquantes dont ils ont fait l’objet.  
Plus largement, notre objectif sera de discuter des principaux outils que les Postcolonial et Subaltern Studies peuvent offrir au chercheur·euse en sciences sociales, et particulièrement en histoire. Parmi ces apports et outils : réflexion critique sur les temporalités en histoire et les césures classiques démarquant les travaux des historiens (« Antiquité, Moyen Âge, Temps Modernes, Epoque contemporaine »…) ; importance de la longue durée ; réflexion à propos du « positionnement » et du « point de vue » (standpoint) ; influence des héritages structurels et mentaux des systèmes coloniaux sur les dynamiques politiques, sociales et culturelles des sociétés occidentales et extra-européennes, et sur leurs relations mutuelles ;  revalorisation des acteurs/actrices « subalternes » ou invisibilisé·e·s par les discours/recherches dominants (paysans, femmes, colonisés, etc.) ; prise en compte de la « performativité » et de « l’agency » des acteurs/actrices subalternes ; valorisation des savoirs, pratiques et épistémologies émanant des acteurs·rices  et chercheurs·euses extra-européen·ne·s ; dépassement des logiques d’opposition binaires au profit d’approches privilégiant l’analyse des métissages, hybridations, influences réciproques entre cultures, religions et sociétés du monde, soit à une époque donnée, soit au fil du temps, à travers les enchevêtrements entre traditions et modernités…
Méthodes d'enseignement
En amont et en parallèle des contenus dispensés en séances, les étudiant·e·s seront invités à lire des extraits de textes des auteurs/autrices abordé·e·s, ou des articles scientifiques relatifs à ces auteurs ou plus largement aux Postcolonial/Subaltern/Decolonial studies. Ces lectures seront encadrées par quelques questions/propositions initiales formulées par les enseignants. Sur cette base, nous nous livrerons alors à des exercices de réflexion croisées et de mini-débats, favorisant les dynamiques participatives lors des séances en commun.
Modes d'évaluation
des acquis des étudiants
Examen oral ou écrit au départ d’un travail personnel démontrant que l’étudiant·e s’avère capable de réfléchir de manière critique aux perspectives des Postcolonial et Subaltern Studies et à la manière dont elles peuvent concrètement influencer la manière de pratiquer et d’écrire l’histoire.
Ressources
en ligne
Les powerpoints synthétisant le contenu des séances, la bibliographie, les textes à lire, les supports audiovisuels, iconographiques et médiatiques, ainsi que les informations d'ordre pratique sont disponibles et téléchargeables sur la plateforme Moodle du cours.
Faculté ou entité
en charge
EHAC


Programmes / formations proposant cette unité d'enseignement (UE)

Intitulé du programme
Sigle
Crédits
Prérequis
Acquis
d'apprentissage
Master [120] en histoire

Master [60] en histoire