La préparation des instructions diplomatiques pour les députés du Cercle de Bourgogne aux Diètes qui suivent directement les Traités de Westphalie (1653-1654 ; 1663-1664) mettent en lumière les mécanismes de réflexion et d’organisation au sein d’une administration d’un État composite. Ces documents, conservés aux Archives générales du Royaume, révèlent une organisation administrative collective, mobilisant divers acteurs pour coordonner la gestion des affaires diplomatiques.
Au-delà de leur fonction pratique, les instructions sont le fruit d’un processus collaboratif complexe, ancré dans la structure polycentrique de la Monarchie catholique. Les lettres de commissions et d’instructions témoignent des efforts conjoints de plusieurs centres de pouvoir pour collecter les informations, arbitrer les priorités et s’inspirer de modèles antérieurs. Ce travail préparatoire à la mission diplomatique révèle une administration capable d’articuler des intérêts locaux et impériaux tout en projetant une continuité institutionnelle en puisant dans sa mémoire organisationnelle.
L’analyse de ces documents permet également d’explorer les dynamiques interactionnelles propres à l’époque moderne. Les échanges entre acteurs, souvent marqués par des négociations et des arbitrages, reflètent non seulement des rituels institutionnels, mais aussi des stratégies discursives visant à légitimer l’autorité administrative. Ces pratiques, inscrites dans les écrits et procédures, participent à la construction d’une souveraineté performative adaptée aux exigences de la diplomatie dans le Saint-Empire. Cette contribution interroge donc les instructions diplomatiques comme un miroir des dynamiques d’un État composite, éclairant à la fois les enjeux politiques qu’elles traduisent et les mécanismes collectifs de leur élaboration. Elle contribue ainsi à une meilleure compréhension des processus de légitimation de l’ordre administratif dans la première modernité européenne.