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Agnostique ou athée, une question de personnalité !

uclouvain |

uclouvain
14 March 2025

Pourquoi certaines personnes non croyantes se disent-elles agnostiques plutôt qu'athées ? Est-ce une question de nuance (ne pas affirmer contre nier l'existence de Dieu) ou cela traduit-il des différences plus profondes de personnalité et de bien-être? 

Ces questions ont été explorées par Moise Karim, doctorant à l'UCLouvain, et son directeur de recherche, le professeur Vassilis Saroglou. Leurs travaux ont abouti à cinq publications scientifiques récentes, basées sur des études menées en Belgique, au Royaume-Uni et sur de vastes données européennes (European Values Study).

Agnostiques et athées : des profils différents

Les résultats montrent que les agnostiques se distinguent des athées par plusieurs traits de personnalité :

  • Une plus grande ouverture d'esprit et curiosité, accompagnée d'un moindre dogmatisme et d'une conviction moins marquée.
  • Une approche plus prosociale, ce qui les pousse à voir des aspects positifs tant chez les croyants que chez les athées.
  • Une instabilité émotionnelle (neuroticisme) plus marquée, avec une tendance à l'indécision et à vouloir explorer toutes les options avant de prendre une décision.
  • Un bien-être subjectif plus faible, notamment dans les pays européens de tradition catholique et protestante.

Une perception de soi différente

Les croyants très engagés ont tendance à se percevoir comme extrêmement prosociaux et bienveillants, tandis que les athées convaincus s'estiment plus intelligents et compétents que les autres. Les agnostiques, eux, évaluent à la fois positivement leur propre valeur et celle des autres, ce qui suggère une absence de narcissisme.
Autre élément intéressant : les agnostiques montrent un intérêt plus prononcé pour la spiritualité que les athées et sont plus ouverts aux croyances paranormales.
Sécularisation et évolution des identités
En Europe occidentale, les données indiquent qu'avec la sécularisation, les non-croyants tendent à se définir plus souvent comme athées et moins comme agnostiques. Pourtant, la proportion d’agnostiques reste significative, suggérant que cette posture a une stabilité propre et ne se résume pas à une étape transitoire vers l'athéisme.

Différentes formes d’agnosticisme

Les chercheurs distinguent plusieurs types d’agnosticisme :

  • L’agnosticisme de sympathie, qui favorise une vision bienveillante des croyants et des athées.
  • L’agnosticisme d’incertitude, marqué par l'anxiété et l'indécision.
  • L’agnosticisme curieux, caractérisé par l’exploration et l’ouverture à différentes idées.
  • L’agnosticisme issu d'une socialisation religieuse, qui conserve une certaine sensibilité aux questions spirituelles.

En somme, ces recherches montrent que l’agnosticisme ne se limite pas à une simple indécision face à la question de Dieu, mais traduit des traits de personnalité et des dynamiques sociales complexes.