Discours d'Adélie Pirlot, présidente de l'AGL

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Rentrée académique 2023-2024

Adélie Pirlot

« Voir loin, être proche ».

Et bien moi, je vais vous proposer autre chose : Être proche, et voir ce qu’il y a juste sous nos yeux :

Précarité étudiante, logements chers et insalubres, restrictions à l’entrée des formations de métiers en pénurie, violence sexistes et sexuelles, discriminations, étudiantes jobbistes, étudiants internationaux à la rue, et cette liste n’est malheureusement pas exhaustive.

Alors cette année, nous la commençons en colère.

En colère, parce qu’on a trop entendu « ayez confiance », « soyez rationnel », « n’ayez pas peur du changement », alors que cette dernière mandature fut le théâtre de nombreuses réformes et projets de réformes propulsant l’enseignement supérieur vers un système élitiste, méritocratique et s’inscrivant dans un processus de marchandisation.

En colère, parce que la réforme du décret paysage commence déjà à faire des ravages dans le rang des étudiant.es les plus précaires et les plus fragilisé.es.

En colère, parce qu’on a tenté de nous imposer un calendrier académique qui ne fait qu’alourdir les études, sans considération aucune des droits et intérêts des étudiant.es.

En colère, parce que dans un contexte de crises successives, alors que les étudiant.es étaient en période de vacances, sort dans les médias une note de gouvernement concernant une réforme des allocations d’études, basée sur une sous-estimation flagrante du coût des études, et mettant en danger les allocations de près de 80% des étudiant.es boursiers et boursières.

En colère, parce que notre institution s’évertue à conserver un système d’aides ciblées, véritable passoire, au travers de laquelle passent des centaines d’étudiantes qui ont besoin d’aides structurelles.

En colère, parce que, alors que depuis des années, un front associatif, militant et étudiant revendique une réelle prise en charge, efficace et effective, des violences sexistes et sexuelles sur nos campus, aucune mesure suffisante n’est mise en place à ce jour. Cela fait des années que nous clamons : « pas une de plus », et pourtant, chaque année, il y en a une de plus, et encore une, et encore une.

Alors que depuis des années, la représentation étudiante revendique une démocratisation de l’enseignement supérieur, voilà que dans son mémorandum, le Cref aborde une augmentation de minerval. Dans ce même mémorandum, corédigé par notre Recteur : une demande de refinancement à hauteur de 150 millions d’euro sur la prochaine législature. Un grand merci au cref pour cette revendication, partagée par les étudiant.es. Mais, monsieur le recteur, le bénéfice de l’UCLouvain de l’année 22-23 s’élevait à environ 100 millions d’euros, alors plutôt que de demander, qu’attendez-vous pour refinancer votre institution ?

Madame la ministre, je me permets de vous citer : « Pourquoi y aurait-il des dégâts si les étudiant.es prennent les choses au sérieux ? ». Et bien, je vais vous le dire : parce que des étudiant.es doivent jobber pour financer leurs études, parce que des étudiant.es sont confronté.es à des problèmes de santé physique et psychologique, parce que des étudiant.es sont victimes de discriminations, de violence, et de violences sexuelles, parce des étudiant.es internationaux sont bloqués ou ralentis dans leur parcours par des processus administratifs lourds et restrictifs. Cette liste n’étant pas exhaustive.

« Étudier, c’est un métier comme un autre ». Mais je vous le demande. Quel autre « métier » n’est pas rémunéré en Belgique?

Pour tous ces propos, nous somme en colère.

Mais malgré la colère, l’espoir.

L’espoir, parce que les milieux associatifs, militants, étudiants, mais également tous les acteurs.rice.s de terrain ainsi qu’un grand nombre d’acteur.rice.s de l’enseignement supérieur s’organisent et s’unissent vers des objectifs et dans des luttes communes. L’année dernière, nos victoires communes nous ont montrées la force de nos alliances. Alors cette année, ensemble, faisons du temple du savoir un espace inclusif, public, gratuit, accessible à tous.tes, critique et citoyen, et faisons de l’enseignement supérieur un enseignement de qualité. Rendons-lui ses louanges et sa richesse, et faisons-en un véritable acteur de la société de demain.

Merci.