Discours de Rémi Delogne, président du CORSCI

EVENTS

Rentrée académique 2023-2024

Rémi Delogne

La plupart des membres du corps scientifique sont nés suffisamment tard que pour n’avoir connu jusqu’à présent qu’une de crises depuis les attentats du 11 septembre 2001, suivis de la grande crise de 2008, Fukushima, les guerres en tous sens, attentats de Paris et de Bruxelles qui ont particulièrement touché l’université de Saint-Louis, le Brexit, le covid (ou la covid, on ne sait toujours pas), la propagation des discours extrêmes et antiscientifiques et ...ah oui ... j’oubliais... Le fameux décret de 2013 qui a réformé le paysage de l’enseignement supérieur francophone.

Face à une telle litanie de crises, difficile de rester serein et de garder un soupçon d’espoir...

Et pourtant...

En tant qu’université, nous avons le devoir de mettre tout en oeuvre pour former des étudiants qui deviendront demain d’ambitieux leaders d’espérance.

Nous avons le devoir de mettre notre recherche au service du bien commun. Et dans cette optique nous devons être proches et voir loin en même temps.

L’université (et en particulier notre université, élargie sur ses nombreux sites) a un rôle essentiel à jouer mais, pour ce faire, elle a besoin de soutien.

Tout d’abord au niveau de l’enseignement, pour être proche des étudiants.

Même si la partie visible de l’iceberg est assurée par les professeurs du corps académique, une grande partie du travail est fournie par les assistants et par certains chercheurs. Ces personnes créent et mettent à jour des syllabus, encadrent des TPs rédigent et souvent corrigent les examens.

La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux. Dans beaucoup de facultés, force est de constater que les assistants sont en sous-effectif pour gérer les taches d’enseignement, et ce en parallèle de leurs thèses, en plus de contraintes parfois excessives d’encadrement de cours de certains professeurs.

Comment pourrions-nous donc rester proches de nos étudiants sans en avoir les moyens humains ?

Nous avons reçu d’encourageantes nouvelles de la part du rectorat qui nous a promis 18 postes d’assistants supplémentaires jusque 2031. Cela permettra de soulager un peu la charge qui pèse sur le personnel scientifique mais ce soulagement ne durera qu’un temps.

De nouvelles solutions doivent être trouvées d’ici-là. Pour ce faire, nous encourageons l’université à adopter de nouvelles pratiques telles que celle des étudiants moniteurs qui permettent de grandement soulager la charge des assistants, tout en assurant un enseignement de très bonne qualité.

Dans le domaine de la recherche, le corps scientifique joue également un rôle clé. En collaboration avec leurs promoteurs, les doctorants participent activement à la production scientifique. Celle-ci est essentielle pour le développement de nos sociétés répondre aux défis actuels. Je pense en particulier à la crise climatique. Tous les secteurs sont concernés.

La recherche de qualité passe par des collaborations. Un premier niveau, particulièrement vrai pour notre université, est la collaboration entre les différents sites. Nous grandissons, c’est formidable, mais chaque site doit se sentir UCListe autant que celui de Louvain-la-Neuve.

Ensuite il faudrait pouvoir voir loin mais pas forcément trop encore. Commençons par appliquer notre devise nationale “l’union fait la force” en renforçant les liens avec toutes les universités du pays. Eendracht maakt macht, wij hebben hier in Belgie veel goeie universiteiten, waarom niet hier beginnen om banden tussen onderzoekers te verst`erken.

Troisièmement au niveau international, eh bien là-dessus de très importantes initiatives de la part du conseil rectoral actuel sont déjà en cours (via Circle U. et d’autres instances), initiatives que nous ne pouvons qu’encourager et nous vous en remercions.

On parle de recherche de qualité. Mais l’évaluation des chercheurs suit souvent des pratiques que nous considérons désuètes. En effet h-index, impact factors ou autres métriques poussent à une consultantification effrénée de la recherche. Nous voulons un terme à leur emploi. Une excellente initiative existe dans ce sens, portée par la coalition pour l’évolution de l’évaluation de la recherche. La charte produite a été signée par les grandes institutions de ce pays, mais pas par nous. Qu’attendons-nous ?

Pour conclure je voudrais rappeler que la fusion avec l’université de Saint-Louis constitue une extraordinaire opportunité de repenser certaines de nos pratiques. Et ce pour mieux relever le double défi de faire de l’enseignement de la recherche des activités proches des acteurs impliqués ET ayant un vaste horizon.

Je vous remercie pour votre attention.