Aller au contenu principal

Thèses défendues

cirtes |

Le façonnage sociotechnique des inégalités sociales numériques : représentations des usagers « éloignés du numérique » lors de la numérisation des services d’intérêt général

Composition du jury :

Prof. Patricia Vendramin (UCLouvain), promotrice, secrétaire du jury
Prof. Eric Mangez (UCLouvain), président du jury
Prof. Claire Lobet-Maris (UNamur), comité d’accompagnement
Prof. Simon Collin (Université du Québec à Montréal), comité d’accompagnement
Prof. Fabien Granjon (Université Paris 8), évaluateur externe

Thèse défendue publiquement le 13 octobre 2023

Abstract

L’ambition de la recherche doctorale est de contribuer à l’éclairage de la fabrique de la mise en incapacité des publics « empêchés » par la transition numérique généralisée de services d’intérêt général en Belgique. La crise sanitaire mondiale liée au COVID-19 a précipité l’entrée de ces services dans une numérisation accélérée. Cette recherche vise à ouvrir la « boite noire » des processus de numérisation pour examiner les modalités de représentation et de participation des usagers dits « éloignés du numérique » lors de la conception des services et leur incidence sur le façonnage d’inégalités sociales numériques. Les analyses empiriques s’appuient sur une méthodologie d’études de cas. Elles s’inscrivent dans une perspective théorique à la croisée de la sociologie des inégalités sociales numériques et d’un pan de la sociologie des sciences et des techniques attentif aux rapports de pouvoir à l’œuvre lors de la conception des technologies.

Les analyses dévoilent une représentation autant stéréotypée qu’imprécise d’une figure « d’usager- citoyen ordinaire » auquel les services seraient destinés en priorité. La présence de biais dans la représentation et l’implication des usagers lors du travail de conception tend à invisibiliser ceux qui s’éloignent du modèle de l’usager standard « mobile et connecté » et à brider l’empowerment de ceux qui sont pris en compte. Elles mettent aussi en exergue l’ambivalence des dispositifs participatifs à reconnaître les perspectives d’usagers minorisés ; elles montrent comment ceux-ci participent surtout

à favoriser l’acceptabilité sociale de services numériques dans une logique de gouvernement des conduites. Les analyses éclairent la façon dont les biais inscrits dans les services en ligne génèrent, au moment de leur utilisation, la disqualification d’usagers, dont les qualités s’éloignent des attendus. tacites d’un usager-citoyen « ordinaire », supposé autonome, doté de multiples connexions et compétences. Cette situation élude parallèlement la figure du tiers aidant dans une logique de désintermédiation.

L’ensemble de ces constats sont révélateurs du poids inégal des divers acteurs engagés dans les processus de numérisation. La dépendance non négligeable au secteur privé marchand, couplée à la prégnance de discours d’accompagnement orientés vers les seules vertus des technologies numériques tendent ainsi à réduire le périmètre des principes d’action propres aux institutions d’intérêt général. Les dynamiques observées participent d’un mouvement de fond de privation numérique des services publics, dont l’un des risques majeurs est de généraliser le déploiement de services publics à deux vitesses.

Evaluation de l’impact (social) et impact de l’évaluation dans les entreprises sociales : une recherche transdisciplinaire (2019-2023)

Composition du jury :

Prof. Laurent Taskin (UCLouvain), Président
Prof. Anaïs Périlleux (UCLouvain), Promotrice
Prof. Marthe Nyssens (UCLouvain), Co-promotrice
Prof. Sybille Mertens (ULiège)
MCF Laurent Gardin (Université Polytechnique Hauts-de-France-

Thèse défendue publiquement le 04 décembre 2024

Abstract

Si les entreprises sociales sont soumises à des pressions grandissantes pour évaluer leur impact social, l’implémentation d’une telle évaluation soulève de nombreux enjeux épistémologiques, méthodologiques, politiques et organisationnels. C’est dans ce contexte que la thèse vise à approfondir les connaissances sur la mise en œuvre d’une évaluation d’impact social au-delà des discours, sur base d’expériences concrètes qui s’inscrivent dans un temps long. Par une démarche de recherche transdisciplinaire, constructiviste, mixte et critique, elle éclaire ces différentes questions : Quels effets peuvent être mis en évidence à travers une évaluation d’impact social ? Comment une entreprise sociale peut-elle surmonter les considérations conflictuelles qui émergent au cours d’un processus (formel) d’évaluation d’impact social ? Quels effets l’évaluation d’impact social peut-elle générer sur une entreprise sociale ? Comment une entreprise sociale peut-elle développer un outil de suivi de l’impact social approprié (pertinent et accepté) ?

Travailler, entre liberté et démocratie. Enquête sur l’imaginaire néomanagérial en Entreprise

Composition du jury :

Prof. Isabelle Ferreras (UCLouvain), co-promotrice, secrétaire du jury
Prof. Laurent Taskin (UCLouvain), co-promoteur
Prof. Patricia Vendramin (UCLouvain), présidente du jury
Prof. Isabelle Huault (EM Lyon), comité d’accompagnement
Prof. Vincent Pasquier (HEC Montréal), évaluateur externe
Thèse défendue publiquement le 02 octobre 2023.

Abstract

Depuis une quinzaine d’années, en Belgique francophone et en France, se diffuse une littérature managériale appelant les managers à renouveler leurs pratiques afin de « libérer » l’entreprise (Carney et Getz, 2009) ou de la « réinventer » (Laloux, 2014). Évitant habilement d’encourager l’adoption d’une nouvelle « one best way », ces écrits contribuent d’abord à la constitution d’un imaginaire alternatif à un management traditionnel et autoritaire. Cet imaginaire néomanagérial se concrétise, en entreprise, en l’expérimentation par le management de nouveaux et nombreux dispositifs visant à faire participer les travailleurs et les travailleuses à la gestion du travail. Cette liberté que ces dispositifs de management participatifs ouvrent se traduit pour les travailleurs et travailleuses (demos) en l’accroissement de leur pouvoir (cratos) de fixer les règles et nomes présidant à leur travail (Wilkinson et al., 2009). Dans cette conjonction spécifique, liberté et démocratie au travail se confondent. Les managers apparaissent dès lors comme des « acteurs » de la démocratisation du travail. Qu’en est-il ?

L’ambition de l’enquête est de prendre au sérieux le doute que suscite la littérature néomanagériale, l’imaginaire qu’il soutient et les actions des managers contemporains en matière de dispositifs de management participatif. Nous proposons de répondre à cette question en nous intéressant à l’expérience quotidienne du travail en entreprise, à ce qu’implique de travailler entre liberté et démocratie. Nous adoptons ainsi une voie moins fréquentée pour penser la démocratisation du travail. En effet, nous nous intéressons à la vie politique caractérisant l’expérience démocratique du travail (Ferreras, 2007) plutôt qu’aux seules institutions permettant un gouvernement démocratique du travail. Par ailleurs, la recherche s’intéresse aussi aux positions et stratégies qu’adoptent les syndicats, considérés comme des acteurs « traditionnels » de la démocratisation du travail, en lien avec l’adoption de ces dispositifs.

En décrivant cette expérience du travail à l’aide de l’approche par les capabilités (Sen, 1999), la thèse identifie différents manquements dans les expérimentations managériales qui empêchent une expérience réelle des libertés ouvertes par les dispositifs de management participatif. Sans nous limiter à une appréhension critique des démarches managériales, nous identifions une conséquence inattendue (Portes, 2000) de ces expérimentations. L’enquête de terrain nous permet de soutenir l’hypothèse que les dispositifs de management participatif développent la capabilité des

travailleurs – soit les compétences, connaissances et représentations de soi– nécessaires au gouvernement et à la gestion d’une entreprise démocratique. Nous parlerons ainsi d’une capabilité à l’autogouvernement démocratique du travail. Autrement dit, si les dispositifs ne sont pas suffisants pour faire des travailleurs des citoyens démocratiques de leur entreprise, ils contribueraient à créer ou entretenir les conditions de possibilité d’une telle situation.

L'Action Sociale entre individuel et collectif : Au-delà des dispositifs d'intégration des personnes sans-abri - l'ambivalence entre normalisation et potentiel émancipateur

Composition du Jury

Prof. Martin Wagener (UCLouvain), promoteur et secrétaire du jury
Prof. Philippe Scieur (UCLouvain), président du jury
Prof. Abraham Franssen (UCLouvain), comité d’accompagnement
Prof. Sue-Ann Macdonald (UDEM – Université de Montréal), comité d’accompagnement
Prof. Maryse Bresson (UVSQ - Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/Paris- Saclay), membre du jury
Thèse défendue publiquement le 14 novembre 2024

Abstract

A partir d’une question posée par le terrain au sein de la Chaire « Les Petits Riens – L’économie sociale au service de la lutte contre la pauvreté », à savoir : « Comment des dispositifs de sortie du sans-abrisme réputés « collectifs » se distinguent de dispositifs « individuels » dans leur capacité à soutenir la réintégration sociale des personnes à qui elles sont destinées ? », la recherche doctorale interroge les notions de collectif et d’individuel au sein du travail social. Au-delà d’une configuration institutionnelle, elle s’intéresse également à ces notions comme indicateurs d’une trajectoire réussie de réaffiliation sociale aux yeux des travailleurs et des institutions.

Comprenant la réinsertion sociale comme un processus lié à ces deux axes, la recherche s’essaye à remettre dans un contexte sociétal et historique la définition d’une « sortie réussie » du sans-abrisme en la raccrochant à l’aspect général du lien entre les individus et la société et de l’intégration dans les sociétés modernes.

La thèse aborde le glissement de l’intégration sociale vers une forme individualisée, basée principalement sur des principes d’autonomie, de réalisation et d’empowerment des personnes et le met en lien avec l’évolution des politiques publiques en Belgique mais également avec la transformation historique sociétale, et montre en quoi ces principes se trouvent à l’intersection entre des logiques de normalisation et d’émancipation des personnes en situation de sans-abrisme.

Reprendre des études universitaires ... et renaître au monde : pour une contribution à une sociologie existentialiste féministe

Composition du Jury

Prof. Philippe Scieur (UCLouvain), co-promoteur, comité d’accompagnement
Prof. Martin Wagener (UCLouvain), co-promoteur et secrétaire du jury, comité d’accompagnement Prof. Marc Zune (UCLouvain), président du jury
Prof. Danilo Martuccelli (Université Paris Cité et Universidad Diego Portales, Chili), comité d’accompagnement
Prof. Sarah Murru (kULeuven), membre extérieure
Prof. Patricia Vendramin (UCLouvain) membre extérieure
Thèse défendue publiquement le 09 septembre 2024

Abstract

La thèse entend apporter une contribution à la sociologie de l'existence en la réécrivant au départ des épreuves (Martuccelli, 2006) que rencontrent les femmes sur leur chemin de vie. Afin de réaliser cette ambition, elle se dote d'un objectif spécifique : celui d’interroger - au regard de l’expérience vécue et intériorisée par 28 femmes âgées de 29 à 56 ans - les enjeux de sens (Bolle De Bal, 2013) liés à la conciliation famille/travail/reprise d’études en contexte universitaire. L’analyse se fait à la lumière des (non-) réponses, apportées à leurs difficultés d’articulation entre sphères de vie, par les universités belges francophones mais également par les politiques publiques d'enseignement supérieur. La thèse repose sur une méthodologie qualitative d’extrospection (Martuccelli, 2010) - introspection (Hansotte, 2019). Celle-ci laisse, sur un temps long d’enquête (de 2016 à 2021), une juste place – pour les participantes comme pour la chercheuse - au champ des émotions et du sensible. En opérant son cadrage théorique et méthodologique au coeur de la recherche et de l’éducation permanente féministes, des sociologies existentielles et de l'individuation, la thèse livre un essai, scientifique mais engagé, consacré à l’avènement d’un projet d’épistémologie existentialiste féministe. Ce dernier trouve ses racines dans une nouvelle épreuve structurelle s’imposant aux femmes et que le terrain de la thèse a dévoilée : celle de la libération – soit de « l’aspiration à être » (De Beauvoir, 1944) - par le retour à la connaissance et la confrontation aux savoirs critiques. La problématique de l’Être en contexte académique est, dès lors, invitée, par la chercheuse, à (re)prendre tout son sens au cœur d’une « Université des Existences » où chacun.e pourrait voir en l’Université un lieu de retour vers soi, de mise à l’épreuve de ses problématiques existentielles (parfois, les plus radicales) et de rencontre avec son Essence (De Beauvoir, 1949) dans une optique de reliance (Bolle De Bal, 2013) aux autres et au(x) collectif(s).

Le secteur agro-alimentaire : Des controverses aux mobilisations. Analyses d’engagements militants organisés.

Promoteurs : Prof. Matthieu de Nanteuil (UCLouvain) et Prof. Marthe Nyssens (UCLouvain)
Membres du jury : Prof. Jean Nizet (UNamur & UCLouvain) et Prof. Olivier Germain (UQAM)
Présidente du jury : Prof. Valérie Swaen (UCLouvain)
Thèse défendue publiquement le 13/10/2017.