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Jean SECOND, Opera omnia / OEuvres complètes, en 4 volumes, Genève, Droz, 2024 (Travaux d’Humanisme et Renaissance).

Sous la direction scientifique de Perrine GALAND-WILLEMEN, Virginie LEROUX. Édité par Werner GELDERBLOM et († Pierre TUYNMAN). Avec Anne BOUSCHARAIN, Nathalie CATELLANI, Karine DESCOINGS, Louise KATZ, Suzanne LABURTHE, Sylvie LAIGNEAU-FONTAINE, Arnaud LAIMÉ, Catherine LANGLOIS-PÉZERET, Olivier PEDEFLOUS, Sandra PROVINI, Astrid QUILLIEN, Anne ROLET, Stéphane ROLET, Emilie SÉRIS, Aline SMEESTERS.

Jean Second (Janus Secundus, 1511-1536) est l’un des poètes néo-latins de la Renaissance les plus doués de sa génération et l’un de ceux qui ont eu la plus grande influence sur la littérature européenne. Surtout connu pour ses Baisers, poèmes érotiques à succès, Second a laissé en réalité, malgré sa courte vie, une œuvre variée et ambitieuse, écrite dans un latin éblouissant, élaborée avec un soin tout stratégique pour obtenir une place de choix à la cour de Charles Quint. Issu d’une famille en pleine ascension sociale, il cultiva un réseau de savants, d’hommes de lettres et d’artistes dont témoignent ses poèmes, ses récits de voyage, sa correspondance et les médailles qu’il grava. Le texte latin édité est celui du manuscrit préparatoire d’Oxford (le plus fidèle aux choix de Second), en partie autographe, parfois transcrit ou remanié par les frères du poète, Marius et Grudius. Une équipe de spécialistes s’est constituée pour éditer, traduire et analyser cette œuvre remarquable, en corrigeant l’image un peu mièvre d’amoureux passionné véhiculée par une critique héritière du romantisme. 

Ralph Dekoninck, Pierre-Antoine Fabre et Walter S. Melion (dir.), « Je révise les images… ». Genèse, structure et postérité des Evangelicae historiae imagines de Jerónimo Nadal, Rome, École française de Rome (« Collection de l’École française de Rome », 608), 2023.

En 1593 paraît à Anvers le recueil de gravures des Evangelicae historiae imagines. Il est réédité en 1595, assorti d’un vaste ensemble de méditations signées par un certain Jerónimo Nadal, mort quinze ans plus tôt, et qui avait été l’un des plus proches collaborateurs d’Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus en 1540. Ces images, produites pour la majorité d’entre elles par les plus célèbres graveurs sur cuivre de leur temps, les frères Wierix, avaient connu une très lente et tumultueuse réalisation depuis le début des années 1560.

Leur conception finale révèle l’extrême complexité de leurs enjeux théologiques, exégétiques et esthétiques. Sommet de l’image religieuse et de l’exégèse du récit évangélique dans cette fin du XVIe siècle, les Imagines et les Adnotationes et Meditationes deviendront pour les deux siècles suivants un parangon adapté et transformé de mille manières.

Reconstruites ici pour la première fois dans la totalité d’une trajectoire, la genèse, la structure et la postérité de ce recueil de gravures lettrées, légendées et glosées rendent compte du destin de l’image dans le monde du catholicisme post-tridentin, de l’Europe au Mexique et au Pérou, à la Chine et au Japon.

Maxime Cartron, Jean Rousset. Traduire et compiler le baroque, Genève, Droz (coll. « Courant critique »), 2023.

La récente ouverture du fonds d’archives de Jean Rousset à la Bibliothèque de Genève offre l’opportunité d’analyser sur un plan génétique l’activité de traduction de poètes allemands et italiens, « baroques » mais pas uniquement, que le critique genevois a pratiquée durant plusieurs années, avec une intensité toute particulière pendant et immédiatement après la Seconde Guerre mondiale. Ces documents s’avèrent inestimables pour comprendre la « préhistoire » du baroque roussetien, en ce qu’ils témoignent des préoccupations idéologiques et spirituelles qui se trouvent à son origine. De ce fait, ils permettent de jeter un nouvel éclairage sur les enjeux de l’émergence et de la mise en place progressive de la catégorie historiographique de baroque dans la pensée du futur auteur de La Littérature de l’âge baroque en France.

Jérémie Ferrer-Bartomeu, L’État à la lettre. Écrit politique et société administrative en France au temps des guerres de religion (vers 1560 - vers 1620), Ceyzérieu, Champ Vallon (coll. « Époques »), 2022, 386 p.

Comment une institution prend-elle son essor en période de guerre civile, de conflit politique et religieux ? Comment l’information politique et diplomatique circule-t-elle dans le champ de force des relations internationales de l’Europe de la première modernité ? Quelles techniques administratives nouvelles les souverains mobilisent-ils pour faire face aux contestations radicales et violentes de leur légitimité ? Quel rôle, enfin, l’administration joue-t-elle dans la mise en ordre politique d’une réalité rétive et oppositionnelle ? 

Jérémie Ferrer-Bartomeu pose ces questions à la foisonnante production écrite des hommes de plume de la monarchie des derniers Valois et du premier Bourbon et relit l’histoire politique de la première modernité. Il montre comment ce conflit civil puis européen devint le creuset d’une nouvelle gouvernementalité. Au bruit des armes s’ajouta progressivement le crissement de mille plumes au renfort de la gloire du roi, participant ainsi à la réduction à l’obéissance et à la pacification d’un royaume déchiré par la guerre. Secrétaires de la main, des commandements, clercs du secret et du conseil privé, espions, transfuges et grands officiers allaient former le socle de l’État.

Temps de chaos et de confrontation politique et religieuse, le second xvie siècle est ici relu comme une séquence d’innovations administratives majeures. Les professionnels de l’écrit forment la pointe avancée de la société politique. Ils contribuent à l’élargissement des domaines d’intervention de l’État et assurent, concrètement et quotidiennement, l’exercice de l’autorité. Cette république européenne des bureaux en formation traduit la mise en circulation transnationale de savoirs administratifs et le transfert de modèles de gouvernement entre puissances adverses et alliées. 

Louis Richeome, Le Discours pour les images, édition et introduction de Ralph Dekoninck et Pierre Antoine Fabre, avec la collaboration de Lise Constant et Annelyse Lemmens, Grenoble, Jérôme Millon, 2022.

Au XVIe siècle, plusieurs chefs religieux protestants, Calvin en tête, incitent à la destruction des images religieuses (portraits de saints et de saintes, mais aussi icônes, statues, reliques, retables et crucifix), dont la vénération est assimilée à une adoration idolâtre relevant du paganisme. Les Jésuites français sont accusés par les protestants d’être passés maîtres dans la manipulation des consciences par l’image. En réaction à cette dénonciation qui s’envenime, la réplique jésuite ne se fait pas attendre. Le principal promoteur de cette campagne n’est autre que Louis Richeome, qui va s’imposer comme le plus ardent controversiste, défenseur des jésuites, mais aussi des images, deux dimensions étroitement liées. Aux yeux de Richeome et des catholiques au nom desquels il prend la plume avec ses Trois Discours pour la religion catholique: les miracles, les saints et les images, le fondement de la polémique réside dans l’opposition entre la vraie image et la fausse image, qu’une grande majorité de protestants tendent à confondre en voyant dans toute image une idole en puissance.

Ingrid Falque and Agnès Guiderdoni (eds), Rethinking the Dialogue between the Visual and the Textual, Leiden, Brill (“Brill Studies on Art, Art History, and Intellectual History”), 2023.

Intermediality, figurability, iconotext, visual exegesis: these are some of the many new ways in which the relationship between text and image has been explored in recent decades. Scholars have benefited from theoretical work in the fields of anthropology, psychoanalysis, and semiotics, alongside more traditional fields such as literature, art history and cultural history. Focusing on religious texts and images between 1400 and 1700, the essays gathered in this volume contribute to these developments by grounding their case studies in methodology. In considering various relations between the visual and the verbal, the editors have adopted the broadest position possible, emphasizing the phenomenological point of view from which the objects under discussion are examined. 
Contributors to this volume: Ralph Dekoninck, Anna Dlabačová, Grégory Ems, Ingrid Falque, Agnès Guiderdoni, Walter S. Melion, Kees Schepers, Paul J. Smith, and Elliott D. Wise.

Ralph Dekoninck and Ingrid Falque (eds), Revivals or Survival: Resurgences of the Icon form the 15th Century to the Present Day, Milan, Silvana Editoriale, 2023.

The art of the icon, a visual idiom born in the Eastern Church, has deeply influenced the visual creations of Western Christianity from the Middle Ages onward, despite the adoption of a different aesthetic that was created in opposition to this maniera greca during the Renaissance. Even though artistic modernity was built against this art considered ‘awkward’, it did not prevent the ‘Byzantine’ style to come back to surface several times in the West. This volume aims to question the reasons of these revivals of the art of the icon in distinct Western artistic and religious contexts. It will highlight in particular the issues underlying the meeting, and sometimes the merging, of the two visual cultures, but also the complex and often conflicting relationships between art and religion.

Ralph Dekoninck, Barbara Baert et Marie-Christine Claes (éd.), Ornamenta Sacra. Late Medieval and Early Modern Liturgical Objects in a European Context, Louvain, Peeters (“Art & Religion”, 13), 2022.

This volume is dedicated to the study of late medieval and early modern liturgical objects, once known as ornamenta sacra. It encompasses a wide range of objects made of various materials and techniques which are not only essential for the rites, but also hold a central position in the religious and artistic production of the past. The contributions to this volume understand them at the heart of a system of complex relationships which make them contribute to their religious functions, but also to their aesthetic, symbolic and social ones: relationships with the men who commissioned, produced and manipulated them, but also with liturgical time and space; relationships too between these different objects, as also with the prescriptive and spiritual frameworks which dictate or accompany their uses. It is the life of these objects that is here recounted, objects invested with value at one and the same time religious, financial and aesthetic.

Ralph Dekoninck et Aline Smeesters (éd.), Arma victricia (Bruges, 1652)Une pièce de théâtre jésuite des Pays-Bas espagnols, traduction par Grégory Ems, avec la collaboration de Céline Drèze, Caroline Heering et Dóra Kiss, Paris, Classiques Garnier (« Bibliothèque du XVIIe siècle »), 2022.

En 1652, les élèves du collège jésuite de Bruges donnèrent une représentation théâtrale en latin à la gloire de Léopold Guillaume de Habsbourg. Le manuscrit commémoratif en est ici édité et traduit, et l’événement replacé dans son contexte historique, culturel, scolaire et dans ses conditions de mise en scène.

Agnès Guiderdoni et Rosa De Marco (éd.), Eliciting Wonder. The Emblem on the Stage, Genève, Droz (« Glasgow Emblem Studies », 19), 2022.

Qu’il s’agisse d’un symbole rhétorique du pouvoir ou d’un support de messages politiques et religieux, l’ornement éphémère tient, au début de la période moderne, un rôle crucial. Mais à l’aune des expériences immersives visées par les cérémonies et festivités de l’époque, ces emblèmes suscitaient-ils réellement chez le public l’engouement recherché ? Comment captivaient-ils l’attention du public ? Faisaient-ils partie d’une performance ? 

En se basant sur des études de cas provenant des quatre coins de l’Europe, ce livre propose un aperçu de l’attrait irrésistible des emblèmes et de leur rôle dans l’ornementation fastueuse de la machinerie de fête.

Gwendoline de Mûelenaere, Early Modern Thesis Prints in the Southern Netherlands. An Iconological Analysis of the Relationships between Art, Science and Power, Leiden/Boston, Brill (Brill’s Studies on Art, Art History, and Intellectual History, 60), 2022.

In Early Modern Thesis Prints in the Southern Netherlands, Gwendoline de Mûelenaere offers an account of the practice of producing illustrated thesis prints in the seventeenth-century Southern Low Countries. She argues that the evolution of the thesis print genre gave rise to the creation of a specific visual language combining efficiently various figurative registers of a historical and symbolic nature. The book offers a reflection on the representation of knowledge and its public recognition in the context of academic defenses. 

Early Modern Thesis Prints makes a timely contribution to our understanding of early modern print culture and more specifically to the expanding field of study concerned with the role of visual materials in early modern thought.

Hélène Leblanc, Théories sémiotiques à l’âge classique. Translatio signorum, Paris, Vrin (Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie), 2021.

La scolastique tardive, au début du XVIIe siècle, est le théâtre d’un débat sur la définition du signe, qui se traduit par la division entre signum formale et signum instrumentale. Le premier est l’écho de la tendance médiévale à comprendre les concepts comme des signes. Le second correspond à une définition qui remonte à Augustin, selon laquelle le signe est une chose sensible qui doit être connue pour porter à la connaissance de quelque chose d’autre. Se démarquant de la voie qui avait fait de la seule Logique de Port-Royal le paradigme de la pensée sémiotique de l’Âge classique, cet ouvrage montre, à partir de ce débat scolastique, que le XVIIe siècle se caractérise globalement par une translatio, visible notamment chez Bayle, Gassendi et Hobbes, d’un modèle linguistico-psychologique à une sémiotique emblématique d’une mutation de la logique désormais ordonnée vers l’épistémologie.

Caroline Heering et Anne-Marie Vuillemenot (dir.), Art & Rite. Le pouvoir des objets, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2021. 

Que nous disent les textiles, sculptures, parures, masques, amulettes, instruments de musique, encensoirs ou missels de nos musées ? Comment percevoir aujourd’hui les usages et la densité de vie dont ces objets, déracinés de leur contexte d’origine et magnifiés dans des dispositifs muséographiques élaborés, sont porteurs ? Passant d’objets cultuels à objets culturels, tous ont pourtant en commun d’avoir participé à un moment de leur histoire à une pratique rituelle accompagnée de croyances, de gestes, de paroles, de sons, d’odeurs. Toutes ces composantes s’inscrivent dans un ensemble d’actions qui donnent sens aux objets, au sein d’un espace et d’un temps déterminés, dans une société particulière.

Art & Rite dévoile la beauté et l’étrangeté de ces objets témoins de la créativité rituelle et artistique de l’homme. Nouant un dialogue entre cultures, ces objets content l’histoire des pratiques rituelles de l’humanité. Mais l’ouvrage interroge aussi la perte de sens qu’engendre leur « embaumement » dans un musée, et observe dès lors un nouveau phénomène de ritualisation ou de « re-sacralisation » des objets à travers leur recontextualisation en milieu muséal.

Caroline Heering (dir.), Habiller le culte. Les fastes brodés de l’atelier Dormal-Ponce à Ath au 18e siècle, TAMAT, Tournai, 2021.

Ce volume traite d’un atelier de brodeurs actif à Ath dans la première moitié du 18e siècle, un atelier dont l’histoire avait oublié le nom mais qui était pourtant renommé dans les milieux ecclésiaux au 18e siècle, comme en témoignent les commandes prestigieuses dont il était le bénéficiaire. Virtuosité d’exécution, luxe des matériaux et inventivité du dessin sont les labels de qualité de cet atelier de « haute-couture » travaillant pour le clergé, atelier dont les œuvres, qui faisaient et font encore l’orgueil des chapiers et chasubliers mais aussi de collections muséales ou privées, ont traversé les épreuves du temps. Tout en sortant de l’anonymat un atelier de brodeurs au savoir-faire exceptionnel, dont un corpus inédit de dix-huit ornements a pu être attribué avec certitude à la maison « Dormal-Ponce », cet ouvrage explorer les multiples facettes de l’histoire ces textiles liturgiques nous content. La partie intitulée « Milieu et techniques de production » se concentre sur les hommes qui ont confectionné et commandé les textiles à la maison athoise, ainsi que sur les aspects techniques et matériels de leur réalisation. La partie « Formes et significations » aborde quant à elle les aspects formels et iconologiques des décors brodés à la surface des vêtements liturgiques et consiste en ce que l’on pourrait dénommer une « iconologie de l’ornement », visant à replacer les textiles « Dormal-Ponce » dans l’univers du goût et dans le contexte liturgique qui les a vus naître. La dernière partie, intitulée « Biographie des objets », explore la vie des textiles depuis leur utilisation en contexte rituel jusqu’à leur conservation et leur restauration en contexte muséal ou ecclésial. La vie de ces objets se déplie à travers des temps liturgiques spécifiques et à travers des lieux qui débordent parfois des limites de l’espace ecclésial, comme c’est le cas lors des processions solennelles. En fonction de ces multiples espace-temps, les textiles se déclinent en couleurs spécifiques, ils tissent des liens avec d’autres objets du culte mais aussi avec les hommes qui les ont portés ou manipulés, ceux et celles qui les ont confectionnés, donnés, admirés ou dénigrés, ceux et celles qui les ont entretenus, réparés, restaurés ou encore transformés, déplacés, démembrés. À travers l’analyse de documents d’archives, de sources iconographiques, d’armoiries, ou encore de traces de manipulations et de transformations, les études rassemblées dans ce volume nous montrent que cette vie sociale des objets, leur « biographie », est riche de signification : elle nous éclaire sur le statut et les mutations de sens que leur assignent les actions humaines, par-delà les normes et les décrets, en même temps qu’elle nous renseigne sur leur contexte humain et social.

Ralph Dekoninck et Agnès Guiderdoni (éds), Maximilianus Sandaeus, un jésuite entre mystique et symbolique, études suivies de l’édition par Mariel Mazzocco des annotations d’Angelus Silesius à la Pro Theologia Mystica Clavis, textes rassemblés et édités par Clément Duyck, Paris, Champion, 2019.

L’œuvre monumentale du jésuite Maximilianus Sandæus (1578- 1656), actif dans l’Allemagne de la Contre-Réforme, constitue assurément l’une des plus fascinantes et des plus fécondes de l’époque moderne sur la question du langage et de la pensée figurés. Cette oeuvre à la croisée de l’histoire de la spiritualité chrétienne et de l’héritage de la symbolique humaniste s’efforce de justifier théologiquement le modus loquendi mystique tout en établissant une « théologie emblématique ». Les études qui composent le présent ouvrage s’attachent à mettre en lumière ce lien intime entre expression figurée et expérience mystique, ainsi que les sources et la postérité de cette oeuvre. En complément de ces études, ce volume offre pour la première fois une édition des annotations du grand mystique allemand Angelus Silesius (1624-1677) sur son exemplaire de la Pro theologia mystica clavis de Sandæus.

Ralph Dekoninck, Agnès Guiderdoni et Walter S. Melion (éds), Quid est secretum? Visual Representation of Secrets in Early Modern Europe, 1500-1700, Leiden, Brill (“Intersections”, 65/2), 2020.

Quid est secretum? Visual Representation of Secrets in Early Modern Europe, 1500–1700 is the companion volume to Intersections 65.1, Quid est sacramentum? Visual Representation of Sacred Mysteries in Early Modern Europe, 1400–1700. Whereas the latter volume focused on sacramental mysteries, the current one examines a wider range of secret subjects. The book examines how secret knowledge was represented visually in ways that both revealed and concealed the true nature of that knowledge, giving and yet impeding access to it. In the early modern period, the discursive and symbolical sites for the representation of secrets were closely related to epistemic changes that transformed conceptions of the transmissibility of knowledge. 

Contributors: Monika Biel, Alicja Bielak, C. Jean Campbell, Tom Conley, Ralph Dekoninck, Peter G.F. Eversmann, Ingrid Falque, Agnès Guiderdoni, Koenraad Jonckheere, Suzanne Karr Schmidt, Stephanie Leitch, Carme López Calderón, Mark A. Meadow, Walter S. Melion, Eelco Nagelsmit, Lars Cyril Nørgaard, Alexandra Onuf, Bret L. Rothstein, Xavier Vert, Madeleine C. Viljoen, Mara R. Wade, Lee Palmer Wandel, and Caecilie Weissert.

Alessandro Metlica, Le seduzioni della pace. Giovan Battista Marino, le feste di corte e la Francia barocca, Bologne, Il Mulino, 2020.

L’«Adone» di Giovan Battista Marino, pubblicato a Parigi nel 1623, è il capolavoro del barocco italiano, oltre che il poema più lungo della nostra letteratura. Orientarsi in questo enorme labirinto di parole, per i lettori, non è mai stato facile. Gli studiosi, dal canto loro, hanno tentato soprattutto di sciogliere la matassa delle citazioni, illustrando quella poetica del «rampino» con cui Marino ruba versi e idee a tutta la tradizione che lo precede. Questo libro presenta l’«Adone» sotto una luce diversa. L’«Adone», infatti, è anche il poema della moda, dello spettacolo e dei divertimenti nobiliari: in altre parole, il poema della corte barocca. Ne fa fede la sua stessa vicenda, costellata di partite a scacchi e a pallacorda, visite museali e concorsi di bellezza, fontane che gettano vino, banchetti imbanditi, intermezzi teatrali e tornei cavallereschi. Seguendo il poeta a Torino, alla corte di Carlo Emanuele, e poi al di là delle Alpi, nella Parigi di Luigi XIII e di Maria de’ Medici, questo libro prova a leggere l’«Adone» non con gli occhi del critico di oggi, ma con quelli del gentiluomo di ieri. Ne emerge un’atmosfera festiva, punteggiata da piccoli ozi e svaghi lussuosi, in cui Marino cala non solo i personaggi del suo poema, ma anche i re, i principi e i duchi di cui l’«Adone» vuole eternare le gesta.

Emmanuelle Mercier, Erika Rabelo et Matthieu Somon (dir.), Formes du salut, Louvain-la-Neuve, PUL, 2020.

Formes du salut invite à la découverte de sept sculptures et d’un panneau peint en provenance de l’abbaye de Val Duchesse. Ces œuvres font partie de la collection de l’abbé Mignot, elles ont été léguées à la Donation royale et mises en dépôt au Musée L.
À travers ce livre, le Musée souhaite mettre en valeur le travail de conservation/restauration mené à l’Institut royal du patrimoine artistique ( IRPA ) grâce au Fonds Baillet Latour. Au-delà de son utilité pratique qui garantit le salut, la pérennité et la transmission de ce patrimoine aux générations futures, cette intervention a permis de renseigner les usages et l’historique des sculptures, souvent remaniées au gré des circonstances de leur exposition. C’est donc aussi la participation de ces oeuvres à la vie religieuse et plus précisément leur rôle dans la quête du salut par les fidèles chrétiens qui est au coeur de l’ouvrage.
Emmanuelle Mercier ( IRPA ), Erika Rabelo ( IRPA ) et Matthieu Somon ( UCLouvain ) proposent ici une sorte de pragmatique de l’art religieux et documentent l’inscription des œuvres dans la vie cultuelle de l’époque médiévale : les interactions y étaient beaucoup plus vivantes que leur présentation actuelle ne peut le laisser croire !

Figures de l’inspiration dans la poésie et la poétique françaises et néolatines (fin XVIe - début XVIIIe siècle), numéro spécial de Littératures classiques 102 (2020), sous la direction de Clément Duyck et Audrey Duru.

Issu d’un colloque organisé à l’UCLouvain, ce numéro vise à une réévaluation critique de la place de l’inspiration dans la poésie française et les poétiques néo-latines et françaises de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle. Quoique l’inspiration n’y joue pas le même rôle qu’à la Renaissance, cet héritage travaille poésie et théorie poétique sous la forme déplacée de figures, c’est-à-dire de formes aussi bien imaginaires que verbales et intellectuelles qui mobilisent de manière fragmentée l’ancienne fureur poétique.

Ingrid Falque, Devotional Portraiture and Spiritual Experience in Early Netherlandish Painting, Brill (Brill’s Studies on Art, Art History and Intellectual History), 2019.

In Devotional Portraiture and Spiritual Experience Ingrid Falque analyses the meditative functions of early Netherlandish paintings including devotional portraits, that is portraits of people kneeling in prayer. Such paintings have been mainly studied in the context of commemorative and social practices, but as Ingrid Falque shows, they also served as devotional instruments. 
By drawing parallels between the visual strategies of these paintings and texts of the major spiritual writers of the medieval Low Countries, she demonstrates that paintings with devotional portraits functioned as a visualisation of the spiritual process of the sitters. 

The book is accompanied by the first exhaustive catalogue of paintings with devotional portraits produced in the Low Countries between c. 1400 and 1550. This catalogue is available at no costs in e-format (HERE) and can also be purchased as a printed hardcover book (HERE).

Ralph Dekoninck – Aline Smeesters (éds), Le poète face au tableau, de la Renaissance au Baroque, Presses Universitaires François Rabelais, 2018.

Dans l’Europe de la renaissance, les poètes puisent volontiers leur inspiration du côté de la peinture de leur temps, et c’était alors un défi apprécié que de transposer dans le langage ce qu’un tableau exprimait par des lignes et des couleurs. La mode de l’ekphrasis (description d’œuvres d’art) n’est pas nouvelle puisqu’elle remonte à l’Antiquité gréco-latine. Les poètes de la « République des lettres » européenne (qu’ils écrivent en langue moderne ou en néo-latine) s’inscrivent consciemment dans cette tradition ; mais ils réinventent aussi le genre pour en faire le porte-voix de leurs propres aspirations, goûts et préoccupations artistiques et littéraires. À travers
une quinzaine d’études de cas distribuées entre le XVIe et le XVIIe siècle et réparties entre l’Italie, la France, l’Allemagne, les anciens Pays-Bas et la Pologne, le présent volume cherche à rendre compte d’une diversité d’enjeux liés à la pratique de l’ekphrasis moderne dans des poèmes de formes et de thèmes variés, qui reflètent des tableaux tout aussi divers : scènes mythologiques, religieuses ou historiques, nus féminins, portraits de grands hommes ou encore tableaux de fleurs.

Jean-Pascal Gay, Le dernier théologien ? Théophile Raynaud : Histoire d’une obsolescence, Editions Beauchesne, 2018.

Cet ouvrage est un essai d’histoire du catholicisme mais aussi d’histoire sociale et culturelle des savoirs, et de ce savoir spécifique qu’est la théologie, inscrit dans une réalité ecclésiale, mais dont les modalités de construction, de publication et de circulations ne le différencient pas nécessairement des autres savoirs, en particulier à l’époque moderne. Il analyse une figure désormais classique en histoire des savoirs, celle de l’échec, ou plus précisément celle de la « gloire déchue ». Théophile Raynaud, le théologien que cet ouvrage étudie – sans proposer ni une biographie, ni une exploration exhaustive de son œuvre – est au moment de sa mort en 1663, célébré comme une des figures majeures de la scène théologique européenne, une sorte de « nouveau Bellarmin ». Une génération après, toutefois, il commence à être décrit comme une figure obsolète de la théologie, avant que la tradition savante ne le transforme en étape marginale de l’histoire de la théologie. L’ouvrage, en reconstituant ce glissement, en examinant la place du travail intellectuel dans la carrière du théologien dans les institutions religieuses et dans son ordre, en examinant comment la position savante le situe dans un espace ecclésial, montre comment et par quels types d’opérations et d’évolutions, au xviie siècle, la place de la théologie recule dans la culture, mais aussi d’une certaine manière dans « l’Église ». À partir de ce constat, il examine aussi comment le théologien affronte les tensions qui traversent l’histoire religieuse du xviie siècle (rapports à l’affirmation du pouvoir politique et de l’espace public, ainsi qu’aux nouvelles configurations de genre) et ce que son œuvre en révèle. Ce qui apparaît alors n’est pas seulement la variabilité de l’ordre religieux du savoir, mais bien les profondes tensions qui travaillent la dynamique de la confessionnalisation catholique. Cet ouvrage propose en somme une microhistoire des contradictions de la réforme catholique.

Ralph Dekoninck, Horreur sacrée et sacrilège. Image, violence et religion (XVIe et XXIe siècles), Bruxelles, Académie royale de Belgique (« L’Académie en Poche »), 2018.

Cet essai propose un rapprochement entre les formes de médiatisation de la violence terroriste d’aujourd’hui et celles qui caractérisèrent les guerres de religion au xvie siècle. Plutôt que s’engager sur la voie hasardeuse d’une comparatisme qui porterait sur les faits historiques, il s’agit de réfléchir à certaines modalités transhistoriques de représentation de la violence spectacularisée, et en particulier celle liée au martyre. Il n’est pas tant question de dégager des invariants anthropologiques que d’éclairer un certain nombre de modèles figuratifs qui constituent autant d’images-écran continuant à nourrir ou à contaminer notre imaginaire contemporain où se mélangent terreur et fascination face au spectacle de la violence médiatisée. Si le point de vue ici adopté est bien celui de l’Occident, l’objectif est également de montrer combien le djihadisme contemporain, parfaitement acculturé à la mondialisation, manipule délibérément les codes occidentaux.

Otto van Veen, Physicae et theologicae conclusiones (1621), présenté sous la direction d’Aline Smeesters, Agnès Guiderdoni et Ralph Dekoninck, traduction par Aline Smeesters, Turnhout, Brepols (« Imago Figurata: Text and Editions », vol. 1), 2017.

Le peintre Otto Vaenius (Leyde 1556 – Bruxelles 1629) n’a longtemps été connu que comme le maître de Rubens. Depuis quelques décennies, le regain des études emblématiques a remis à l’honneur ses recueils à succès : Emblemata Horatiana, Amorum Emblemata et Amoris Divini Emblemata. Mais certains de ses ouvrages plus confidentiels restent encore largement méconnus. Tel est le cas des Physicae et theologicae conclusiones (1621), un petit opuscule d’une vingtaine de pages publié dans des circonstances mystérieuses, qui se propose rien moins que de résoudre « par des notes et des figures » le problème de la prédestination et du libre arbitre – un sujet alors brûlant, qui a d’ailleurs valu à l’auteur des problèmes avec l’Inquisition. Mais l’intérêt de l’opuscule va bien au-delà de l’enjeu théologique : par l’invention d’un langage visuel inédit et déroutant (à mi-chemin entre le géométrique et le figuratif, entre le diagramme et l’emblème), ainsi que par plusieurs chapitres explicitement consacrés aux pouvoirs des images et de l’imagination, l’ouvrage offre une étonnante clé de lecture à l’ensemble de l’œuvre de Vaenius, et constitue en même temps un témoignage frappant de la créativité d’une époque en pleine mutation épistémologique.

La présente édition propose une reproduction en fac-similé de cet opuscule rarissime ainsi que, pour la première fois, une traduction intégrale en langue française. Le texte est précédé d’une introduction nourrie, fruit d’une collaboration entre cinq chercheurs croisant des approches historiques, littéraires, artistiques et sémiotiques. Les Conclusiones sont ainsi remises dans le contexte de leur époque, au cœur des querelles théologiques mais aussi au croisement de deux courants de pensée majeurs qui ont imprégné la réflexion de Vaenius, le néo-stoïcisme de Juste Lipse et l’alchimie de Paracelse ; dans un second temps, elles sont étudiées en profondeur dans leur rapport particulier aux images, qui apparaissent à la fois comme le moyen et l’objet de la démonstration proposée. Enfin, l’ouvrage se clôture par une série d’outils facilitant la consultation de l’ensemble : trois index (des noms propres, des passages bibliques, des notions françaises et latines) ainsi qu’une abondante bibliographie.

Agnès Guiderdoni et Alessandro Metlica (dir.), Paris baroque. G.B. Marino et la France, numéro spécial Les lettres romanes, 70 – fasc. 3-4 (2016)

Les contributions rassemblées dans ce volume représentent les actes d’une journée d’étude tenue en septembre 2015 à l’Université catholique de Louvain, et consacrée au rôle joué par le poète italien Giovan Battista Marino dans le cadre de la littérature baroque française. La poétique élaborée par Marino pendant son séjour à Paris, de 1615 à 1623, s’avère une sorte de prisme, capable de décomposer un objet critique aux contours irréguliers tel que le baroque. En témoignent les essais réunis dans ce dossier qui, tout en adoptant des approches méthodologiques différentes - de la philologie à l’étude de la rhétorique ou à l’histoire de la culture -, révèlent que la géographie intellectuelle du baroque littéraire est bien plus riche et complexe que ne l’affirme la vulgate critique.

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  • 2 April 2024
    Jean SECOND, Opera omnia / OEuvres complètes
    Jean SECOND, Opera omnia / OEuvres complètes, en 4 volumes, Genève, Droz, 2024 (Travaux d’Humanisme et Renaissance). Sous la direction scientifique de Perrine GALAND-WILLEMEN, Virginie LEROUX Édité p