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Discours de Françoise Smets, rectrice

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Rentrée académique 2025-2026

Le temps d’oser

Oser avant tout affirmer l’importance d’apprendre. 

« Étudier et obtenir un diplôme, c’est dépassé », titrait Trends-Tendances le 17 juillet en reprenant les propos de Laurent Alexandre, médecin, entrepreneur et expert IA. Heureusement, on citait également Anne Dooms de la VUB qui soulignait qu’« il n’existe dans les systèmes d’IA actuels aucun chemin vers un vrai raisonnement, vers une vraie intelligence… ». Et comme Camille Dejardin nous l’explique dans son très éclairant « A quoi bon encore apprendre » : « …apprendre n’est pas tant assimiler un contenu que savoir examiner ce contenu : savoir chercher, d’abord, savoir estimer la valeur de ce qu’on a trouvé, ensuite. C’est donc exercer son esprit critique. »

Ceci n’empêche pas qu’il nous faut absolument oser prendre le tournant de l’IA, et un plan ambitieux est lancé à l’UCLouvain. Ainsi dès cette rentrée, l’outil Picolo sera mis à disposition de toute la communauté. Développé en interne, il pourra servir de tuteur d’étude aux étudiantes et étudiants tout en les sensibilisant aux limites de l’IA et à son coût énergétique. La formation des académiques questionnera l’évolution nécessaire des acquis d’apprentissage et surtout des modes d’évaluation. Un tournant que nos hôpitaux universitaires prennent avec audace également. Les Cliniques Saint-Luc sont ainsi pionnières avec un assistant d’IA qui permet un gain de temps précieux en toute sécurité. Un temps qui peut alors être dédié aux patients, qui restent et resteront au cœur de tout nouveau projet de nos deux cliniques et ceci malgré les difficultés majeures que rencontrent actuellement les soins de santé.

La digitalisation rend encore plus essentiel le fait de cultiver l’esprit critique de nos étudiantes et étudiants, de leur apprendre à se concentrer et à collaborer. Oser requestionner nos espaces d’apprentissage avec un projet pilote dans une dizaine d’auditoires. Oser revoir le calendrier académique au bénéfice d’un apprentissage en profondeur et en faveur de la réussite.

Autre conséquence de ce monde digital : l’importance toujours plus grande d’acquérir des compétences comportementales, ces soft skills, qui voient leur présence renforcée dans tous nos programmes. L’expérience extra-académique de nos étudiantes et étudiants est également très utile pour cela. Elle se concrétise au travers d’engagements divers et nous avons réfléchi comment les reconnaitre et les valoriser encore mieux. Ceci prépare aussi le lien que nous voulons renforcer avec nos Alumni. Ce lien avec ses Alumni permet à l’université de rester étroitement connectée à la société. Il me revient ici de très sincèrement remercier le Professeur Alain Vas pour l’élan qu’il a donné à cette politique. Alain, tu termines cette année dix ans de prorectorat en Hainaut, du fond du cœur merci pour tout ce que tu as apporté à l’institution.

Oser ensuite affirmer l’importance de la liberté académique et de la recherche fondamentale.

Avec le Conseil des rectrices et recteurs francophones et nos homologues flamands, nous avons à plusieurs reprises défendu ces principes. Focaliser les moyens uniquement sur la recherche appliquée ou moins financer les sciences humaines est une vision désespérément court-termiste. L’histoire nous rappelle que les plus grandes avancées de l’humanité sont le fruit de la recherche fondamentale. Et les défis qui nous attendent sont toujours plus interdisciplinaires et ne pourront être résolus par la technologie seule. 

De même, mettre à mal le fonctionnement et l’attractivité de nos universités par la réforme des pensions et de la ristourne du précompte pour la recherche est un réel danger. De nombreuses études ont démontré le rôle économique important que joue une université dans sa région. L’UCLouvain développe ainsi toujours plus ses interactions avec les écosystèmes de ses huit campus. Citons les enjeux de reconstruction du CHU-UCL Namur ou les projets innovants à Charleroi, pour ce dernier point encore une fois merci au Professeur Alain Vas. Et c’est aussi l’occasion de remercier les collèges communaux d’Ottignies-Louvain-La-Neuve et de Woluwe Saint-Lambert.

A l’international, la poursuite de nos collaborations est aussi mise en péril. En dehors des aspects géopolitiques qui brident notre liberté ou qui questionnent le caractère éthique et responsable de nos partenariats, et sur lesquels Jean Hilgers reviendra, la diminution des moyens dédiés aux projets Nord-Sud nous inquiète. 

Oser encore se mobiliser pour la durabilité et la diversité et en affirmer l’importance. 

Thèmes ô combien mis à mal ces derniers mois, ils restent au centre de nos préoccupations.

Le plan Cap Transition 2030 accélérera nos efforts pour inclure les 17 objectifs du développement durables dans chacune de nos actions, que ce soit dans nos programmes d’enseignement, dans nos laboratoires ou sur nos campus. S’agissant des aspects de diversité, d’inclusion et de lutte contre les discriminations, de nombreux projets sont lancés et certains ont déjà abouti comme la révision du règlement disciplinaire pour les étudiants et le renforcement en toute indépendance de la cellule Together. Et notez bien le futur colloque « Diversité et inclusion » qui se tiendra les 9 et 10 octobre sur le site de Saint-Louis. Je tiens dans ce contexte à exprimer notre immense gratitude au Professeur Sébastien Van Drooghenbroeck, pour avoir assumé avec autant d’efficacité que de volonté ce nouveau prorectorat transversal aux enjeux si complexes, tout en sachant mettre les nuances nécessaires. Il est encore actif dans de nombreux dossiers malgré qu’il ait dû faire un pas de côté pour raison de santé. Sébastien, sois persuadé que nous sommes en pensée avec toi et tes proches, du fond du cœur merci pour tout ce que nous avons partagé.

Oser se remettre en question, parler de qualité de vie au travail, faire confiance et prendre des risques.

Ceci reste essentiel pour poursuivre le réenchantement de l’université et affronter les nombreux défis. C’est dans cette optique qu’a été développé le plan stratégique 2024-2029, « Un cap, du sens », sur lequel j’aurai l’occasion de revenir plus tard dans la cérémonie.  

Oser enfin y croire et rester optimiste.

L’Université de Louvain fête ses 600 ans en 2025, le saviez-vous ? Les enjeux financiers sont majeurs mais nous avons pu compter sur le soutien de la Fondation Louvain, que ce soit grâce à la générosité de nos mécènes ou au travers de partenariats avec des entreprises. Que toutes et tous soient ici remerciés. Sans votre apport et votre confiance, beaucoup de projets importants resteraient dans les cartons et c’est pourquoi nous lançons une campagne exceptionnelle « Impetus 600 ».  

Le 9 décembre prochain sera LE jour anniversaire et l’occasion de vous présenter un travail collectif réalisé autour des vœux récoltés tout au long de cette année. Oui les défis sont nombreux, mais durant les différents événements qui ont jalonné cet anniversaire et au travers de vos messages, nous avons pu voir combien l’enthousiasme et la motivation sont plus que jamais présents. Et c’est donc ensemble que nous ferons vivre et évoluer une UCLouvain humaine, audacieuse et durable, réelle actrice de la société dans laquelle elle est ancrée.