Aller au contenu principal

Discours de Sara Javadian, co-présidente de l'AGLouvain

evenements |

Rentrée académique 2025-2026

C’est avec beaucoup de gratitude et d’enthousiasme que je prends la parole aujourd’hui pour la représentation étudiante.

Cette rentrée est marquée par un climat de dialogue et de collaboration particulièrement constructif avec le nouveau Conseil rectoral. Nous voulons saluer cette dynamique et le fait d’avoir tenté d’oser la coopération : travailler ensemble autrement, dans un esprit d’écoute, de respect et de co-construction. Merci également aux différents mouvements étudiants et associatifs qui ont porté avec nous des projets essentiels.

Ce choix d’oser a porté ses fruits : il nous a permis de réaliser des avancées concrètes, utiles et profondément humaines.

Nous sommes particulièrement fiers de l’extension régionale du projet «Appelle Alice», né avec l’AGL Woluwe, et désormais actif sur l’ensemble de la région bruxelloise. Ce dispositif offre un accompagnement gratuit vers les centres de prise en charge des violences sexuelles pour toute victime d’agression. Et nous sommes tout aussi heureux d’avoir pu étendre ce principe à Louvain-la-Neuve, avec «Appelle Ariel». Toutefois nous devons accompagner les victimes jusqu’à Namur parce que le Brabant Wallon ne dispose toujours pas de CPVS et ce malgré des années de demandes plurielles.

Nous pouvons nous féliciter collectivement pour la mise en place de la Commission des Partenariats Responsables. Un outil essentiel pour garantir que notre institution n’apporte son soutien, même indirect, à aucune forme d’oppression — et en particulier pas au génocide en cours contre le peuple palestinien. Ce fut un processus long, complexe, mais rendu possible par le travail acharné de nombreuses personnes.

Bien sûr, beaucoup reste à faire.

La précarité étudiante n’a jamais été une exception et elle est d'autant plus présente aujourd’hui : elle est une réalité quotidienne pour des milliers d’étudiant·es. Les prix explosent, les aides stagnent, et pendant ce temps, le nouveau gouvernement menace encore de réduire les financements de l’enseignement supérieur – alors qu’un refinancement massif est au contraire plus urgent que jamais.

Comment espérer lutter contre la précarité quand on affaiblit les moyens des universités et des services sociaux ? Plus, les étudiant·es sont dans la précarité, plus ils doivent jobber, souvent à côté d’un horaire déjà chargé. Cela signifie manquer des cours, des Travaux Pratiques, ou sacrifier le temps d’étude nécessaire à leur réussite. Et ensuite, on se plaint que les étudiant·es redoublent trop et que cela coûte à la société?

À cela s’ajoute désormais un autre problème majeur. Le décret paysage fait déjà des ravages. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous connaissent un·e étudiant·e qui n’est plus finançable à cause d’un seul cours. Est-il normal d’interdire un futur universitaire à tant d’étudiant·es pour si peu ?
On entend souvent, notamment de la part de nos enseignant·es, que « étudier est un job à temps plein ». Et ils ont raison : c’en est un. Alors comment accepter qu’on doive en cumuler un deuxième ? Dans certains pays, étudier est sans hypocrisie considéré comme un vrai job. Ils sont rémunérés pour leur travail et surprise… le taux de réussite est beaucoup plus élevé.

Face à cette urgence sociale, nous ne restons pas passifs. Nous agissons, avec les moyens qui sont les nôtres, pour que chaque étudiant·e puisse vivre et étudier dignement.

Nous travaillons aujourd’hui à l’installation de distributeurs de protections hygiéniques gratuites dans les toilettes des grands auditoires. Ce projet est crucial pour la précarité mais aussi la sécurité menstruelle.

Nous travaillons également sur un «plat malin» au restaurant universitaire, à la fois écologiquement et socialement responsable que nous voulons proposer à prix réduit aux étudiants s’autodéclarant dans le besoin.

L’alimentation, tout comme le logement, reste une priorité. Sur ce dernier point, nous continuons à œuvrer pour des rénovations massives des kots UCLouvain, et pour des logements privés salubres et abordables. Nous devrions avoir le droit, comme à Bruxelles, de déclarer un loyer abusif afin d’éviter des chambres minuscules à des prix exorbitants.

Nous irons jusqu’au bout de tous ces projets et bien d’autres encore. Parce qu’ils incarnent notre responsabilité collective envers celles et ceux qui feront la société de demain.

Avant de finir ce discours, j'aimerais que l’on prenne un temps ensemble pour penser à la Palestine, et à la population de gaza. Malheureusement aujourd'hui encore, des millions de personnes, majoritairement des enfants mais aussi des hommes et des femmes tout aussi légitimes à une vie digne et en paix, sont affamés, bombardés et ciblées par Israël alors qu’elles cherchent simplement à survivre et se nourrir.

Selon les Nations Unis, plus de 64 000 personnes ont été tuées en moins de 2 ans, dont près de 20 000 enfants et de nombreux blessés et disparus sous les décombres.

Des hôpitaux, des écoles, des universités ont été bombardés et détruits, ne laissant derrière eux que des ruines — preuve qu’ils ne s’arrêtent devant rien dans leur atrocité.

Les aides humanitaires bloquées délibérément à l’entrée par Israël, attendent derrière les barrières pendant que des millions souffrent.

Nous tous, avons la responsabilité de ne pas fermer les yeux et de continuer d’en parler pour ne pas en devenir indifférent.

Je souhaite dès lors, comme beaucoup d'autres, et vous tous, j'en suis sure, que le peuple palestinien ainsi que tous les autres peuples puissent enfin être libres.

Nous osons tenter d’améliorer notre société, et vous, Mesdames et Messieurs allez-vous oser tenter de nous écouter ?

Merci.